Il y a plus de 2.000 ans, l'histoire de la viticulture commençait dans notre territoire. Elle n'est pas allée sans crises au fil des siècles, dans l'équilibre mouvant de la trilogie méditerranéenne : blé, vigne, olivier. Mais les vignerons ont très vite su produire des vins de qualité, exporter vers des marchés proches ou lointains, et résister. La vigne, en gagnant tôt ses lettres de noblesse, a modelé campagnes et villages et signé l'identité culturelle de ce territoire.
Pourtant les campagnes sont restées, jusqu’au XIXè siècle, vouées à une polyculture où les céréales avaient la plus large part.
C’est vrai dès l’époque gallo-romaine, même si la vigne a été un réel moteur de l’économie comme le montrent les pressoirs et les chais des fermes ou des villae, les traces de plantations de vignes mises au jour par les fouilles archéologiques et les amphores à vin, présentes sur tous les sites connus, avant d’être remplacées dès la fin de l’Antiquité par les tonneaux, qui ont laissé moins de traces. Tous témoignent très tôt de l’importance économique de la viticulture qui a généré de larges exportations sur le marché méditerranéen.
Ce n’est qu’au XVIIIè siècle que la vigne, jusque là cantonnée sur les terres moins fertiles et sur les coteaux, fait reculer les autres cultures avant de s’imposer comme monoculture dans un paysage devenu une « mer de vignes » à la fin du XIXè siècle.
La région a vite bénéficié de l’arrivée du chemin de fer, en 1857, qui révolutionne l’économie du Biterrois. Le transport plus rapide du vin, qui ne tourne plus pendant le voyage, stimule l’extension du vignoble, au moment où l’industrialisation de la France accroît la consommation et élargit le marché du vin.
La viticulture, devenant le seul moteur de l’économie, profite même de la crise du phylloxéra qui frappe les vignobles français concurrents. Touché plus tardivement, le Biterrois dispose des nouveaux moyens de lutte (plants américains et traitements préventifs) qui favorisent l’explosion viticole qui vaut au Biterrois le surnom d'"eldorado"du vin. Alors, le lobby viticole impose sa domination dans les paysages dominés par les puissants « châteaux pinardiers », et dans l’architecture urbaine où les maisons vigneronnes et les caves coopératives fondent jusqu’à aujourd’hui l’authenticité et la spécificité de nos villages.