Voie Domitienne:
le PCB a développé plusieurs campagnes de sondages et de fouilles, conduites dans le cadre de la DRAC Languedoc-Roussillon, qui ont porté sur des sites patrimoniaux majeurs du Biterrois sur le territoire des communes de Colombiers, Nissan-lez-Ensérune et Vendres.
Une piste protohistorique, chemin creux aménagé en terre battue et bordé d’un fossé, a pu être retrouvée à Colombiers.D’après le matériel mis au jour, conforme à celui des agglomérations voisines, il semble avoir fonctionné entre la mi-VIe et le Ier siècle avant notre ère et sa situation, entre les oppida de Béziers et d’Ensérune, permet de penser qu’il peut s’agir de la mythique voie héracléenne qu’évoquent les textes anciens.
La voie domitienne qui, à partir de la fin du IInd siècle a assuré les relations terrestres entre l’Italie et l’Espagne, a été exhumée (2006-2010) sur deux points distants de 2 kms, à Taragone et Saint-André (Nissan) et au pied du col du Malpas (Colombiers). Observations décisives puisqu’elles ont permis d’affirmer qu’un axe de circulation à vocation impériale, essentiel à la prise de contrôle de la région, était implanté tôt au sud de l’étang pour relier au plus court Narbonne et Béziers, en desservant Ensérune. La voie consulaire, dans son premier état, reprend là très exactement, au lendemain même de la conquête romaine, le tracé et l’orientation du chemin protohistorique auquel, nous avons pu le vérifier, , comme à Béziers, elle se superpose ici exactement dans ce passage difficile en terrain humide et inondable. Pour assurer la continuité du trafic et mettre la voie hors d’eau, un aménagement en remblai s’est imposé à partir des années 60 avant notre ère, à Nissan (Taragone) comme à Colombiers où un nouveau tracé, décalé de quelques mètres vers le Sud, marque la véritable construction de la voie tardo-républicaine, qui domine le paysage de près d’1 mètre.
Mais les fortes contraintes environnementales ont imposé de plus hautes exigences techniques qui ont conduit, un siècle et demi plus tard environ, les pontonniers romains à renforcer encore le dispositif en surélevant la voie d’un bon mètre lors de l’élargissement de l’emprise viaire assurant la monumentalisation de la voie vers les années 80 du Ier siècle de notre ère.
A Colombiers, l’emprise totale, évaluée à quelque 11-12 m, et la largeur de la chaussée, mesurée à 6,20 m, sont désormais considérablement augmentées et la fouille a permis d’identifier, en outre, sur son côté Sud, une couche sableuse interprétée comme une contrescarpe, sur laquelle a été installé le mur bordier de la nouvelle chaussée, et sur le côté Nord un espace de circulation. Le nouvel équipement viaire comprend alors trois éléments structurels :
- une chaussée principale bordée par un mur bien appareillé au Sud et dont la bande de roulement est constituée d’un mélange compacté de terre, de gravier fin, de mortier, d’une haute résistance, comme il est d’usage en milieu rural.
- une allée cavalière (5,50 m environ) au Nord, destinée à la circulation des piétons, des cavaliers et des troupeaux, équipée d’un revêtement souple et très perméable qui contribuait aussi à assurer un bon écoulement des eaux de surface.
-- un vaste espace aménagé, au sol souple, qui a pu être dévolu soit au croisement soit au stationnement des véhicules.
Ce réaménagement de grande ampleur, qui monumentalise ce segment de voie et double l’espace de circulation, a dû intervenir entre le premier et le troisième quart du Ier siècle de notre ère, fourchette parfaitement synchrone avec l’ampleur nouvelle du troisième état de la voie à la sortie de Béziers vers Cessero/ Saint-Thibéry.